Space Rider

L’Europe veut se doter d’un système de transport automatisé et réutilisable sur le modèle du X-37B américain et le drone spatial chinois. Baptisé Space Rider, ce drone spatial sera capable d’une large variété de missions en orbite. Thales Alenia Space et Avio ont signé avec l’Agence spatiale européenne le contrat de développement de Space Rider en vue d’un premier vol en 2023.

Décidé lors du Conseil de l’ESA, au niveau ministériel, qui s’était tenu à Lucerne en décembre 2016, le Space Rider est un véhicule spatial sans aile hérité du démonstrateur IXV (Intermediate eXperimental Vehicle) qui a réalisé son unique vol en février 2015. Le financement sera assuré par l’Agence spatiale européenne tandis que Thales Alenia Space (TAS) et Avio seront chargés de son développement, puis de sa réalisation. Dans le cadre de ce contrat de 167 millions d’euros, TAS est responsable du développement du module de rentrée atmosphérique — la composante la plus critique de ce projet dérivé du IXV — et Avio est en charge du système de propulsion et du module de service largable.
Le lancement du système Space Rider est prévu en 2023 à bord d’un lanceur léger Vega C depuis le port spatial de l’Europe, en Guyane française (CSG). Il affiche une longueur de 9,7 m, une masse au lancement de 2.430 kg et une capacité d’emport de 600 kg de charge utile dans une soute de 1,2 m3. Ce véhicule de rentrée atmosphérique atteindra la vitesse de Mach 28 à 90 km d’altitude et pourra supporter une température maximale de plus de 1.400 °C au niveau de la pointe avant.Un parachute subsonique s’ouvrira à 16 km d’altitude à environ Mach 0,73 afin de freiner le véhicule jusqu’à 50 m/s. La phase finale de descente s’effectuera à l’aide d’une aile parachute (parafoil) qui assurera à la fois la gestion de l’énergie cinétique et l’aérofreinage lors de l’arrondi pour limiter la course à l’atterrissage. Il se posera sur un site européen qui n’a pas encore été choisi mais qui sera vraisemblablement la base aérienne d’Istres, en France.
Ce véhicule pourra servir de plateforme de démonstration technologiques, d’observations de la Terre et d’expériences scientifiques en microgravité. Il pourra également rendre des services robotisés et automatiques, comme la desserte des infrastructures spatiales, le ravitaillement en ergols des satellites ou encore leur désorbitation en fin de vie, et la collecte de débris spatiaux, qu’ils soient coopératifs ou non. Enfin, dans un second temps, une version d’exploration robotique pourrait être dérivée de ce véhicule et utilisée pour la récupération et le retour d’échantillons extraterrestres par exemple. Dans un contexte de militarisation de l’espace, et bien que le Space Rider soit avant tout un véhicule civil, un usage militaire est tout à fait possible si les besoins s’en font sentir. Dans ce cas, il serait utilisé pour des missions de renseignements (observation, écoute, brouillage), voire d’interventions sur des satellites adverses qui évolueraient trop près de l’infrastructure spatiale européenne. Il sera utilisé pour transporter une variété de charges utiles sur différentes altitudes et inclinaisons en orbite basse et pourra également réaliser des missions à destination de la Station spatiale internationale (ISS) mais sans s’y amarrer. Il pourra être récupéré accompagné de sa charge utile, reconfiguré et réutilisé pour un maximum de six missions.
Avec une capacité d’emport de 800 à 1.000 kilogrammes. Selon Stefano Bianchi, directeur du développement des lanceurs à l’ESA… ” cette mini-navette pourrait servir de « plateforme de démonstration technologique, d’observatoire de la Terre et [permettrait] d’exposer au vide spatial des expériences scientifiques ou de tester diverses technologies » . Lorsqu’il sera en service, le Space Rider volera sur une orbite de 400 à 450 kilomètres, inclinée entre 37° et 52°, durant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Un temps envisagée, l’installation d’un bras robotique dans sa soute a été abandonnée. Plus tard, cependant, il n’est pas exclu, notamment pour des missions de maintenance et de ravitaillement voire de lancement de satellite et de désorbitation, qu’Arianespace et l’ESA financent une version du véhicule muni d’un bras.Le Space Rider sera commercialisé en 2025, cinq ans après son premier vol d’essai réalisé depuis le Centre spatial guyanais. L’engin décollera à bord du lanceur Vega-C et atterrira ou se posera à Santa Maria, aux Acores. Avant sa commercialisation, cinq missions pour le compte de l’ESA sont prévues. Les premières missions serviront à compléter les essais au sol en conditions d’utilisation normales et contraignantes de façon à s’assurer de sa robustesse et sa fiabilité et, si nécessaire, pour améliorer son comportement ou corriger ses défauts.